Le plateau du matin se charge de mes trois tartines, grillées, dorées et juste un peu tièdes. Je ne peux me résoudre ni à deux, ni à quatre, le chiffre trois reste immuable.
Puis la petite casserole rouge, la plus petite de la série, se remplit d’eau à chauffer. Elle est réservée à l’usage de la préparation de mon thé car elle contient le volume exact de mon bol. Je choisis alors le parfum de mon thé, celui du touareg, thé vert du matin revient assez souvent. Ma théière en verre, patiemment attend.
J’introduis la dose nécessaire, scrupuleusement la même, chaque matin, et je savoure l’arôme développée quand je verse l’eau bouillante. L’instant est bref et subtil. Les minuscules feuilles se réhydratent et reprennent leur volume initial.
Dans le bol, une petite tranche de citron. Dans le plateau, un pot de miel tout près des tartines, une petite cuillère et la passoire, modèle réduit: il ne manque rien, je peux paisiblement m’installer dans le jardin, au soleil levant.
C’est là un moment préféré de la journée. Une pause, un silence avant l’emploi du temps, le devoir, un petit moment rien qu’à moi, en toute quiétude et je le savoure intensément.
Arlette