L’invitation durant ce week-end à écrire autour de l’idée du vêtement, celui d’hier et d’aujourd’hui, le nôtre ou celui de l’autre pour, entre « projets, finitions, coupes et corrections » tisser les mots de vos saisons…

 

Des Je me souviens, à la manière de Perec…

Je me souviens de cet ensemble Cacharel troué en trébuchant la première fois que je le portais.
Je me souviens du regard scandalisé de ma grand-mère à la vue de la culotte rose fuschia portée sous ma robe de mariée.
Je me souviens de cette mini-robe sexy en mohaire noir que je mettais en frigo pour la préserver.
Je me souviens du magazine 100 idées et de ses modèles faciles et gais que je cousais et tricotais pour mon bébé.
Je me souviens des jolies culottes à trous trous tricotées par mon arrière-grand-mère, dont j’avais honte.
Je me souviens de ce chandail tricoté avec les laines détricotées de pull-overs de mon père.
Je me souviens de ce même pull s’arrachant des filières du voilier et se perdant dans l’océan.
Je me souviens de l’atelier de couture de ma grand-mère d’où sortaient à chaque saison les nouvelles tenues des bourgeoises marseillaises.
Je me souviens du carton de bouts de tissus somptueux de toute une vie de couturière.
Je me souviens des robes racontées avec mille détails et anecdotes pour chacun de ces bouts de tissus exhumés.
Je me souviens des vêtements excentriques, et les chaussures aussi, de ce magasin soldant les grandes marques.
Je me souviens des vêtements improbables chinés aux Puces ou au vide-grenier, veste noire en cuir et peau de chèvre, perfecto en skaï rouge…
Je me souviens de cet immense pull gris-vert à torsades piqué à mon mari et porté encore longtemps après le divorce.
Je me souviens des années en uniforme jean 501 délavé et pull noir moulant.
Je me souviens des tricots de peau – maillots de corps – marcels et des slips kangourous de mes petits frères.
Je me souviens des combinaisons en nylon sous les robes.
Je me souviens de mes tabliers d’écolières, uniformes bleu marine à croquet blanc à l’école religieuse puis blouses en nylon bigarré à l’école communale.
Je me souviens d’avoir entendu que j’étais plus belle nue que vêtue. Je me rappelle de l’odeur des magasins de tissu à nulle autre pareille, odeur feutrée parfumée de naphtaline .
Je me rappelle des culottes courtes de mes frères et des jupes plissées de ma sœur et moi, pas le droit de porter des pantalons longs avant le collège.
Je me rappelle des barboteuses brodées à la main, des robes à smocks et à dentelle de ma toute petite enfance.
Je me souviens de toutes les couleurs à la mode qui se supplantaient chaque année.
Je me souviens de mains timides glissées sous le bord des vêtements. Je me souviens des tas de vêtements éparpillés en hâte au pied du lit. Je me souviens de la machine à coudre offerte par ma belle-mère après le divorce.
Elisabeth

 

 

Je me souviens du blue- jean que me piquait ma sœur régulièrement.
Je me souviens que je râlais « tu vas encore me l’élargir ».
Je me souviens de l’émotion que provoque l’achat du premier soutien gorge.
Je me souviens de la robe rose en laine offerte par mon père quand j’ai six ans.
Je me souviens que j’étais plutôt un garçon manqué à cheveux courts et pantalons.
Je me souviens de la photo de Marilyn M. dont la robe se soulève au dessus d’une bouche de métro.
Je me souviens que j’avais appris à faire un noeud de cravate pour je ne sais quelle cérémonie.
Je me souviens des vêtements qualifiés de hippie chic que porte Diane Keaton dans le film de Woody Allen « Annie Hall ».
Je me souviens des commentaires sur la robe que portait Cécile Duflot nouvellement nommée au gouvernement.
Je me souviens de la coquetterie flamboyante des femmes d’Afrique de l’ouest.
Je me souviens que je me trouvais vraiment moche à côté d’elles avec mon short tout fripé.
Je me souviens de mains tâtonnantes dans le noir qui cherchent l’attache de mon soutien gorge.
Je me souviens de mains plus expertes qui elles ne cherchent pas.
Je me souviens qu’une copine m’a raconté le plaisir charnel de ne pas porter de culotte. Et celui aussi de ne pas porter de soutien gorge.
Je me souviens qu’on dit d’une femme qu’elle a « une tête à chapeau ».
Je me souviens que Brigitte Macron porte toujours des robes ou des jupes qui lui arrivent au dessus du genou.
Je me souviens de mon fils qui recouvrait son crâne de la capuche de son sweat souvent noir comme tous les adolescents.
Je me souviens d’un beau pull en cachemire porté une seule fois car lavé trop chaud.
Je me souviens que Céline Dion a déclaré posséder plusieurs centaines de paires de chaussures.
Je me souviens que les Guignols de l’info représentaient la femme de Jacques Chirac la main crispée sur son sac à mains
Djamila

 

 

Je me souviens du corset de ma grand-mère qui faisait ressortir les bourrelets de graisse.
Je me souviens des vêtements de travail de mon père épais et tachés de sang.
Je me souviens de l’horrible casquette que je devais porter à l’école.
Je me souviens du pantalon d’hiver en tissu qui grattait et que ma mère repassait systématiquement.
Je me souviens de la tunique rouge cousue par ma sœur et que je portais pour le spectacle de Noël.
Je me souviens d’une robe bleue transparente dans laquelle tu étais nue.
Je me souviens de tes gants en cuir dont les bouts sont coupés pour le vélo.
Je me souviens de ta jupe colorée et fleurie que tu faisais flotter en descendant l’escalier.
Je me souviens du string qui me faisait déglutir un instant.
Je me souviens de l’anorak dont la fermeture éclair coince systématiquement et que je garde pourtant.
Je me souviens de la photo où ma sœur et moi portons des costumes bretons rien que pour le cliché.
Je me souviens des slips féminins de dimensions surnaturelles séchant sur le fil à linge de la voisine.
Je me souviens des pièces en plastique que ma mère collait avec le fer à repasser aux coudes de mes pulls usés. Je ne me souviens plus de ce que je portais le 11 septembre 2001.
Je me souviens des difficultés à dégrafer les attaches de soutien-gorge.
Je me souviens des casquettes horribles que portait mon père.
Je me souviens des premières chaussures à bouts pointus que je portais à l’époque « yéyé ».
Ben

 

 

Je me souviens de sa robe fuschia et de ses bras nus au hâle si parfait et si lisse. Dans les tribunes du Palais Bourbon, un jour du printemps de 1976, l’étudiant que j’étais écoutait Simone Veil défendre son projet de loi anti-tabac.
Je me souviens de mes pieds mouillés ce matin d’été, dans les champs près du Mont-Blanc. Mes baskets neuves ne résistaient pas à la rosée.
Je me souviens de la fourrure du manteau de ma grand’mère que j’aimais caresser.
Je me souviens de la tache de tapenade sur mon pull-over.
Je me souviens de la brûlure sur ma veste et des cendres de ces cigarettes.
Je me souviens de la déchirure et du trou à mon genou dans la flanelle, après une chute sur le terrain de foot.
Je me souviens des craquements de mon short trop petit.
Je me souviens des cravates d’un autre temps, je me souviens des nœuds.
Je me souviens des premiers laçages et de mes maladresses avec ces étranges ficelles.
Je me souviens de ce vieux jean gris acheté sur le marché et qui déplaisait à ma fille.
Je me souviens du déclic du container et du nœud du sac-poubelle, quand je l’ai jeté avec une vieille paire de baskets ;
Je me souviens de son maillot de bains avec des fleurs blanches. La lumière du couchant était douce, le ressac nous chantait le bonheur de l’avenir. Le petit bruit du velcros que l’on détache du col pour se dégager la gorge. Le froissement des draps et de nos respirations régulières, alors qu’un œil s’éveille dans la nuit. Le long zip de la parka qui se referme. Un vêtement ça parle, mais toujours à voix basse.
Gérard

 

 

 

 

Je me souviens que le t-shirt ressemblait à un T.
Je me souviens que les body ressemblaient à un corps.
Je me souviens que les «  strings» ressemblaient à des cordes.
Je me souviens que les « tops » donnaient le départ d’une aventure.
Je me souviens que les bermudas faisaient rêver.
Je me souviens que j’ignorais d’où venait le mot trench-coat.
Je me souviens que je disais « sweetshirt » comme pour un bonbon.
Je me souviens des nuisettes en nylon.
Je me souviens des combinaisons qui se mettaient en vrille sous les vêtements.
Je me souviens des bas qui tenaient tous seuls.
Je me souviens des incontournables jupons en dentelle de Calais.
Je me souviens des cerceaux métalliques sous les jupons.
Je me souviens des motifs géométriques des robes de Courrèges.
Je me souviens des complets aux trois pièces.
Je me souviens des tennis Stan Smith en cuir épais.
Je me souviens du bout pointu des chaussettes tricotées à la main.
Je me souviens que les pattes d’ef trempaient dans la boue quand il pleuvait.
Je me souviens des pulls en laine Anny Blatt tricotées aux aiguilles n°1.
Je me souviens des gilets tissés qui sentaient le mouton.
Je me souviens de ma première polaire lourde et inusable.
Je me souviens des bikinis en vichy rouge et blanc.
Je me souviens des pantalons de ski terminés par une patte à glisser sous le pied.
Je me souviens des mouchoirs de Cholet grands comme des serviettes de table qui faisaient gonfler nos poches

Sabine