Ma maison natale, qui ne l’est pas…

Autour de ma maison natale qui ne l’est pas
Il y a l’Afrique
Chaleur, bruit, odeur, poussière par les fenêtres ouvertes

Il y a les vendeuses de cacahuètes
Les lépreux qui mendient le jeudi
Les miliciens en patrouille

Dans ma maison natale qui ne l’est pas
Il y a une grande salle à manger
Un matin de Noël, rempli de jouets, de cadeaux, de paquets.
Visages émerveillés de deux petites filles

Dans ma maison natale qui ne l’est pas
Il y a un séjour et mon père s’y repose
Sur fond de musique classique
Elle ravive aujourd’hui dans mon cœur
La chaleur de son amour.

Dans ma maison natale qui ne l’est pas
Il y a notre chambre à trois lits
Alors que nous ne sommes que deux
Invitation pour nos cousines à dormir chez nous

Des lits clos de moustiquaires
Les insectes ne passent pas
J’y suis Robinson dans son île déserte

La porte vers la salle de bain est un tableau noir
Où dessiner un avenir rêvé

Dans ma maison natale qui ne l’est pas
Il y a au fond, la chambre des parents.
À l’heure de la sieste, en chemise de nuit
Maman qui brode, bavarde avec soeurs ou nièces.

Dormir aujourd’hui dans ses draps donnent l’illusion
De me blottir dans ses bras aimants.

Dans ma maison natale qui ne l’est pas
Il y a un jardin
Au fond, la cuisine où officie Tcheba, le boy.

Dans un coin, un escalier
Monte vers l’infini.
A l’abri du soleil brûlant

Les branches du manguier
Accueillent la cabane où nous jouons à être grandes.
Il y a la niche du chien qui dévore nos desserts sous la table
Le vieux matou qui dépose son butin devant le portail
La chatte qui nous offre ses chatons nouveaux nés

Et ces fauteuils où un jour,
Des hommes magnifiques aux somptueux boubous
S’installent et demandent à mes parents
La main de Bintou, la mousso bambara

J’ai dix ans et ma maison natale qui ne l’est pas,
Tout au bout de la rue
C’est la maison de mon enfance heureuse.
Fabienne