Non je ne me souviens plus des odeurs de l’Afrique, du Liban, celles dont je me souviens
émanent de ce lieu où je vis maintenant.

L’odeur de quelques parcs, ilots de verdure, ponctués d’espèces dignes de jardins botaniques

L’odeur de la mer, des embruns,  sur une plage déserte, dans le petit matin.

L’odeur de la pêche sur la criée du port, poissons frétillants, crustacés ruisselants, 
avant que ne se vident les étals débordants.

L’odeur des épices, leur mélange de couleurs qui expriment leurs puissants arômes
venus de rives lointaines. Et les herbes de Provence fruitées et apaisantes qui imprègnent nos plats
du Sud proche, en deçà de la mer.

Et les odeurs humaines, amalgame de sueurs fortes et parfois repoussantes. 
Odeur d’urine des hommes, des hommes de la rue, SDF, mal logés.
Odeurs de poubelles ouvertes, de containers éventrés.
Relents entêtants dans la chaleur de l’été. Autant de signifiants d’une ville appauvrie.

Et l’odeur des grenades, grenades lacrymogènes quand la ville se révolte contre son mal à vivre.

Restent enfin les collines et les crêtes des calanques, qui sertissent la ville, 
leurs odeurs de broussailles, de garrigue, de pins ou même d’oliviers selon où l’on chemine.

Souvenirs et empreintes des senteurs de Marseille, ma ville, mon pays, où s’entremêle le monde.
Lili, janvier 2019