Atelier de lecture

Le coin lecture, c'est un espace ouvert à vos émotions de lecteur, lectrice.

Cinq à sept autour d’un ouvrage d’Annie Ernaux, le 26 février 2023


 

Dans la version rénovée du site de l'association un onglet " Atelier lecture" pour partager sur nos lectures, coups de coeur ou découvertes redécouvertes.

La proposition à l'essai: une rencontre zoom par trimestre, un dimanche soir en cinq à sept, fin de week-end au coin du feu- ou du radiateur- cet hiver, autour d'un(e) auteur(e).
Nous testons la formule le dimanche 26 février avec un ouvrage d'Annie Ernaux.

 

Un point commun entre Le Jardin des Finzi Contini et L’Amie prodigieuse


Quel est le point commun le plus important, entre Le jardin des Finzi-Contini de Giorgio Bassani et L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante ? Dans les deux cas,
nous sommes en Italie, certes, dans la plaine du Pô, à Ferrare, pour Bassani, et à Naples pour Ferrante, c'est-à-dire au nord opposé au sud.
Le point commun important est dans la structure du récit. Dans les deux cas, le narrateur extérieur emploie le « je », pour décrire une adolescente qui suit son
chemin, tout cela dans un même système éducatif, où perce l’importance de la culture classique. De fait, c’est le seul point de rapprochement entre Micol, la jeune fille d’un milieu juif et aisé, dans le fascisme annonciateur de la tragédie et Lila, la fille du cordonnier d’un quartier populaire, dans les années 50.
Les deux livres revivent donc l’histoire de l’Italie à deux moments cruciaux du 20 ème siècle, à travers un prisme narratif commun. L’amie prodigieuse reste
cependant une description pittoresque de la vie napolitaine dans le milieu des petits artisans, commerçants, fonctionnaires de l’époque, à travers le regard
d’une enfant qui grandit. Les personnages sont si nombreux que l’auteur a cru bon, d’insérer un index au début du livre.
Mais il est un personnage, qui n’y est pas contenu, puisque c’est une chose.
C’est un fil conducteur amusant dans ce roman, c’est…une paire de chaussures.
Gérard

 

Une rubrique lecture


Une rubrique pour formaliser nos échanges autour des livres, écrire sur nos ressentis, nos réflexions...

Chien 51


Novembre 2022

Chien 51, Laurent Gaudé,
Actes Sud

C'est « l'envie de se frotter à l'anticipation » qui a inspiré le thème de Chien 51 à Laurent Gaudé, une dystopie que j'ai trouvé pour ma part singulièrement troublante et dans laquelle je ne suis pas rentrée sans réticence. Il est en effet facile et inquiétant d' identifier dans notre monde actuel les germes de l'univers imaginé par l'auteur : dérèglement climatique devenu patent, perte des libertés individuelles, société à plusieurs vitesses, les dérives de l'ultralibéralisme…

A l'origine de cette contre- utopie, Laurent Gaudé imagine qu'après sa faillite, la Grèce est achetée par une énorme entreprise mondiale, Goldtex. Les grecs sont alors exilés dans un monde privatisé, Magnapole,  dans lequel il n'y a plus de nationalité.

Les citoyens grecs y sont devenus des sortes de salariés de Goldtex, des cilariés (amalgame des mots citoyens et salariés...)

Thriller d'anticipation Chien 51 commence une trentaine d'années après l'arrivée du personnage principal, Zem Sparak, à Magnapole. Dans la cinquantaine, l'ancien citoyen grec devenu flic est amené à enquêter sur un meurtre sordide et mystérieux. On lui impose de travailler en tandem avec une jeune femme qui n'a jamais connu que Magnapole, son organisation, son ordre, ses limites.

En même temps que le récit de l' enquête se déroule le fil de la mémoire de Sparak, mémoire d'un monde perdu qui éclaire, réminiscence après réminiscence, les circonstances troubles de son arrivée à Magnapole.

On se laisse prendre à l'atmosphère singulière installée par l'auteur et on ne boude pas son plaisir à la lecture de ce roman pourtant sombre.

Extrait :

«  Quelque chose n'était plus là. Il n'éprouvait pas de haine, ne désirait pas changer de quartier, ou de poste. Il était anesthésié. Et peut-être au fond était-ce ce qu'exigeait GoldTex. Une dissolution totale de l'individu dans le grand projet commun. N'être plus rien qu'un corps qui travaille." (page 48)

Chien 51