Hors champ…

 

 

Hors champ: C’était le thème de cette semaine de rentrée, dans les Alpes de haute Provence, du 7 au 11 septembre 2021. Hors champ sensible, au plus près de l’actualité parfois:

 

On dirait un champignon atomique, comme à Hiroshima. La photo publiée dans le journal semble être une image d’archives. En regardant de plus près on entrevoit la cote. Oui, c’est bien Beyrouth, là, sous ses yeux. Toujours en première page, d’autres photos, plus petites. Elles montrent en détails les ravages de l’explosion : le silo amputé, les façades soufflées, les immeubles effondrés, l’amoncellement des décombres, le vide provoqué par le souffle, des corps de victimes. La photo à la Une parait irréelle, démesurée par rapport à la taille du pays.

Hors champ, au téléphone, le récit des amis disent le silence des images. Jamileh, qui habite à 70 km, a entendu un sifflement avant l’explosion ; elle a pensé à un bombardement par les voisins du sud, comme avant. A 10 km au dessus de capitale,  Vera a senti son immeuble trembler ; elle a d’abord cru à une explosion due à une collision entre camions. Boutros lui, a vu toutes vitres alentour s’effondrer. A Achrafieh même, le magasin de Tony a été pulvérisé, les employés étaient rentrés chez eux un quart d’heure auparavant.

De retour à Marseille, Joumana parle, sa voix est lasse, triste. Elle raconte ce qu’elle n’a pas réussi à exprimer à distance. Son arrivée à Beyrouth quelques heures après l’explosion, l’aéroport en partie éventré, les nouvelles de sa famille, sa cousine décédée, son cousin gravement brulé, seul survivant d’une dizaine de copains qui travaillaient ensemble sur le port. C’était le 4 août 2020.  

Lili