Paul VERLAINE (1844-1896)
(Recueil : La bonne chanson) Le bruit des cabarets, la fange du trottoir,
Les platanes déchus s’effeuillant dans l’air noir,
L’omnibus, ouragan de ferraille et de boues,
Qui grince, mal assis entre ses quatre roues,
Et roule ses yeux verts et rouges lentement,
Les ouvriers allant au club, tout en fumant
Leur brûle-gueule au nez des agents de police,
Toits qui dégouttent, murs suintants, pavé qui glisse,
Bitume défoncé, ruisseaux comblant l’égout,
Voilà ma route - avec le paradis au bout. Les bruits: ils sont blancs, roses ou aériens... Bruits de fond, résiduels, aériens... ils balisent nos univers sonores.
 

La chanson d'automne de Claudine

Il y a le vent
Il y a les feuilles
Il y a le vent feulant à tes oreilles
Il y a les feuilles dansant comme des abeilles.
Il y a le vent
Il y a les feuilles
Et le vent te vole une chanson
Et les feuilles jonchent ton gazon.
Il y a le vent
Il y a les feuilles
Et le vent porte l'appel du petit chien
Et les feuilles crissent des mots de rien.
Il y a le vent
Il y a les feuilles
Et le vent hurle de furieuses sirènes
Et les feuilles chutent des cimes lointaines.
Il y a le vent
Il y a les feuilles
Et le vent clame le stade et ses joies
Et les feuilles crient écrasées sous tes pas.
Il y a le vent
Il y a les feuilles
Et le vent bouscule et le caddie roule
Et les feuilles accueillent les pigeons qui roucoulent.
Il y a le vent
Il y a les feuilles
Il y a le vent qui te pousse à rentrer
Il y a les feuilles t'appelant à rester
Il y a le vent
Il y a les feuilles
Et le vent t'appelle vers un coin de ciel bleu
Et les feuilles se replient en te disant adieu.
A quatre mains, Claudine et Noëlle