Ce que l'on emporte avec soi...
Man Ray Apprentissages Cahier posé, oreiller blanc, feuillets sur la taie, froissée Cahier-livre perdu autour des mille écrits À la va-vite Lire le livre, le livre-cahier cassé Une lame vibre sur la peau mouillée Pique l’épée Le cri des biques aux longs cils, une larme coule, tire l’encre des mots violets. Tâche. Une tâche sur taie, oreiller blanc. Des jours autour de la taie, fils tirés. Les doigts effilés tirent les fils, taie d’oreiller Au petit jour, cuisse lisse, cuisse libre des draps froissés. Libre livre, cassé. Lire les feuillets posés sur l’oreiller, blanc. Feuillets tâchés, cuisse lisse posée sur l’oreiller blanc Petit jour, le cri des biques de l’île, gicle le lait, frais. Pique l’épée, baiser à côté, une larme-lave, petite île Une goutte de sang sur l’oreiller blanc Yves
Septembre 2018, pour une escale corse
Ici, ailleurs, partout,
Ici, le temps semble arrêté
Dans le silence des montagnes.
L’ailleurs est déjà loin, Dans la fureur et dans le bruit.
Partout, autour de moi Des collines et des cimes,
Des bourdonnements d’insectes, Ici, le rire des amis.
Ici, j’oublie l’ailleurs Dans cette île magique
Où partout la beauté, l’harmonie, l’amitié
Apportent à mon âme et mon cœur Un souffle de liberté.
Laïla
Ici, mer et montagne s’imbriquent
Ici, nature et silence se fondent
Ici, le tumulte intérieur s’apaise
Ailleurs, le bruit envahit la ville
Ailleurs, le béton étouffe le rivage
Ailleurs, la foule bouscule le rêveur
Partout, des regards s’échangent
Partout, des sourires réchauffent
Partout des mains se tendent
Lili
Ici, ailleurs, partout, Corsica
Ici, la lumière du levant, la caresse Du silence
Ici, le parfum du figuier.
Ce matin, présidés par l’horloge,
Réunis, sur le bois de la table,
On nous dit,
Ailleurs, les cris de la ville. Au de là de la mer apaisée
Et des vents Qui se taisent aujourd’hui
Partout, le monde court.
Ici, les nuits sont ouvertes
Les essaims Nous ont prêté la maison
Le coq a remplacé la mécanique.
Gérard
Musée Fech, à Ajaccio...
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Inventaire à la Prévert Un musée corse Une cour carrée, un beau palais, Une caisse d’entrée et un vigile Des vénitiens, des florentins et un Titien Et des cadres dorés… Une fête vénitienne, une déesse endormie Une vierge tropicale La tentation d’une chouette Et des cadres dorés…
Un long couloir, Des natures mortes, Un perroquet, deux vaches, trois moutons, Une licorne et des poissons, Des fleurs, des fruits, une pastèque, Et des cadres dorés…
Des Sainte Famille Avec ou sans le petit Jean-Baptiste Mais toujours le zizi de l’enfant Jésus Des Christ en Croix Des Descente de Croix Et des cadres dorés… Saint Jérôme, Saint Antoine, Saint François Et tous les saints du paradis Des déesses, une sorcière, des femmes lascives Et des cadres dorés… Des hommes sévères lisant la Bible Homère jouant du violon Un enfant grattant un oud Des adolescents au regard brillant Et des cadres dorés… Toute la famille Napoléon Au rez-de-chaussée, En sculpture, en peinture, Dans des cadres dorés. Et des petits cadres dorés, Et des moyens cadres dorés, Et de grands cadres dorés Partout, partout des cadres dorés… Fab
Une idée de l'îléité
Villa Carli, à Cannelle, Martine Boudes, aquarelle
Ma terre
Cette terre qui m’a élue
Pas la tienne
J’en fais mon miel de ses ciels
Piquetés d’étoiles
De ses forêts irréelles
De ses rochers posés sur le sable rosé
De ses talus sculptés comme des topiaires
De ses aubes pâles et ses crépuscules tonitruants
Cette terre qui est mienne
Ah ! Nager dans ses eaux limpides
Me reposer sur ses plages abritées
M’allonger sur des feuilles de palmier nattées
Et boire du thé
Sur cette terre
Terre sans ville, terre-île.
Claudine